Les seigneurs de la Motte, Courtisols et L’Epine, Quelques événements révolutionnaires à Courtisols

Les seigneurs de la Motte

Le château de la Motte, situé sur la rive gauche de la Vesle, à 400 m à l’ouest de l’église de Saint-Memmie, figure encore sur le cadastre de 1811 : on y accédait depuis la rue de Cheppe par une large allée qui franchissait la rivière sur un pont ; le château, en forme de « L », s’élevait à l’est de l’allée, sur une parcelle quadrangulaire, peut-être à l’origine une butte, entourée d’un large fossé (12 m vers l’est), de l’autre côté de l’allée, une ferme et des bâtiments agricoles étaient sans doute des dépendances du château, comme le moulin seigneurial, à 200 m de là. Dès 1813, les propriétaires le vendirent à des marchands de biens qui le démolirent. Vers 1840, il avait totalement disparu, et la butte fut arasée pour combler les fossés : n’en subsiste aujourd’hui qu’une mare marquée par un bosquet, vestige du fossé.

4-20-motte-miniLa plus ancienne mention de ce château est une charte de novembre 1274 d’Henri Chaudron, écuyer, et de sa femme Isabelle, veuve de Guillaume, chevalier de la Mote de Cortisor ; mais nous ignorons la date de sa construction : Henri de Courtisols, par exemple, qui rédigea son testament vers 1200, résidait-il déjà dans ce château ?

En février 1419, le conseil de ville de Châlons décida de démolir « la forte maison de la Motte de Courtisols, afin que nuls gens d’armes ne s’y puissent loger ». Elle fut reconstruite et en 1470 Jacques des Forges acquit cette « maison forte avec ses fossés, ses saussaies, ses prés et jardins situés sur le ban de Bussy ». La seigneurie passa ensuite par mariages aux famille Graulard (fin du XVIIe siècle) puis de Châtillon en 1728.

Vous pouvez consultez l’article « Le château de la Motte » paru dans le bulletin municipal N°31.

Courtisols et L’Epine

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La Grande Rue et la Basilique Notre-Dame

En 1405, des habitants des paroisses Saint-Martin et Saint-Memmie de Courtisols (Saint-Julien n’était alors qu’une annexe de Saint-Memmie) et de Notre-Dame de l’Epine « sise à Courtisols », se plaignirent au roi Charles VI, car l’Official de Châlons voulait contrôler les comptes de l’église Notre-Dame de l’Epine, en cours de reconstruction (une église Notre-Dame attestée à l’Epine vers 1200, dans le testament d’Henri de Courtisols). Cette église, construite sur une terre appartenant à l’abbaye Saint-Jean de Laon et englobant Melette, dépendait de l’église paroissiale Saint-Léger de Melette, possédée depuis le début XIIe siècle par l’abbaye de Toussaints de Chalons. Selon R. Pannet, une confrérie avait son siège dans l’église Notre-Dame de l’Epine qu’elle gouvernait et administrait ; elle y gardait aussi son trésor. En 1458, le pape Calixte II transféra la cure de Melette, village détruit pendant la guerre de Cent Ans, à Notre-Dame de l’Epine.

Mais le don, par Louis XI en 1471, de 1200 écus d’or, provoqua un conflit entre les habitants de Courtisols-l’Epine et le curé de L’Epine, qui voulait l’argent pour les besoins du culte. Les fonctionnaires royaux ayant donné raison au curé, les habitants s’entêtèrent et quatre-vingts d’entre eux furent arrêtés. Ils ne furent relâchés qu’après avoir promis de rendre les 1200 écus. La confrérie et la fabrique paroissiale, dans laquelle les paroissiens de l’Epine étaient devenus majoritaires avec deux marguilliers sur trois, furent désormais disjointes. Il fut d’autre part décidé, sans doute un souvenir de la situation primitive, que les curés de Saint-Martin et de Saint-Julien de Courtisols célébreraient des messes à l’occasion des grandes fêtes mariales de l’Annonciation et de l’Assomption. Le curé de l’Epine, en 1719, refusa de reconnaître ces privilèges courtisiens et mit les vases sacrés sous clef : le bailliage royal, saisi par les curés de Courtisols, leur donna pleine satisfaction et ils gardèrent leurs droits jusqu’en 1792.

Telle est la version longtemps répétée des origines de l’église d l’Epine et de ses rapports avec Courtisols.Mais lors du colloque tenu à l’Epine en 2006, jean-Pierre Ravaux a proposé une nuvelle lecture de la documentation… Cette histoire est bien compliquée. Vous en trouverez un résumé assez important en cliquant sur ce lien : Courtisols et Notre-Dame de l’Epine. De nouvelles recherches

L’opposition entre les habitants de l’Epine et ceux de Courtisols n’était pas seulement d’origine religieuse. Les premiers se plaignirent en 1667 de n’avoir qu’un seul collecteur d’impôts contre cinq à Courtisols, ce qui avait pour conséquence une inégalité de répartition en faveur des Courtisiens. Le conseil d’état du roi décida alors de séparer les rôles des paroisses de Courtisols et de Saint-Memmie. Il fallut cependant attendre 1791 pour que les deux communes soient définitivement séparées.

Quelques événements révolutionnaires à Courtisols

Le 10 mars 1789 fut rédigé le cahier de doléances de la commune, soulignant surtout la lourdeur des impositions. Lorsque des pillards parcoururent les villages champenois, on institua le 7 mars 1790 une garde citoyenne pour veiller à la sécurité des personnes et de leurs biens.
La Convention ayant succédé à l’assemblée législative, Courtisols reçut la visite d’un commissaire chargé par le Comité de Salut Public de diverses besognes, en particulier de s’assurer que la commune ne comptait pas de suspect et que la politique antireligieuse était bien appliquée. Le 3 mars 1794, des délégués de la Société Populaire de Châlons firent couper les bras des croix sur les clochers.

Le dimanche 20 mars 1794 eut lieu la plantation d’un arbre de la liberté devant la maison commune, puis le cortège se rendit à l’église Saint-Martin, érigée en Temple de la Raison. La journée se termina par la création de la Société Populaire des Sans Culottes de Courtisols.


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